1476. Gênes est à feu et à sang. Les Carthaginois et leurs golems maléfiques ont envahi le sud de l'Europe afin de détruire l'empire de Frédéric de Habsbourg. Une nuit éternelle les accompagne. Rien ni personne ne semble en mesure de les arrêter. Pourtant, une femme de dix-neuf ans, capitaine d'une troupe de mercenaires, va se dresser sur la route de l'envahisseur. L'histoire a oublié cette guerrière au visage couturé et aux cheveux trop blonds. Elle s'appelait Cendres, et la légende dit qu'elle était plus farouche que le lion et guidée par la voix d'un saint.
Œuvre monumentale, fantasy uchronique sensuelle et brutale, Le livre de Cendres, dont La guerrière oubliée est le premier volume, a été récompensé par le British Science Fiction Award, le Sidewise Award et les prix Bob Morane et Julia Verlanger.

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Dans ce bouquin, on suit les aventures parallèles de deux personnages : Cendres, une guerrière de la fin du moyen-âge, et Pierce Je-ne-sais-plus-son-nom, un historien qui tente de faire traduire un bouquin traitant de la vie de cette guerrière.
Ca commence assez simplement, comme bouquin, puisqu'au début, tout semble à peu près normal, aux licences littéraires près (fort bien expliquées, d'ailleurs, par Pierce bidule, qui nous fait bien comprendre que les "par le christ vert" et autres "bon dieu" ne nous sembleraient pas vraiment grossiers, là où les "bordel" font ressortir le côté crûment crasse de l'héroïne qui n'a pas vraiment la classe). Jusqu'à ce que ... Jusqu'à ce qu'aux environs de la page 200, n'apparaissent les premières divergences historiques, qui vont rapidement augmenter dans des proportions ... importantes, dirais-je.
Et c'est là que le génie de l'auteur commence à se manifester. En effet, loin de nous assomer d'une nième quête légendaire avec prophétie à l'appui (ce qui aurait pu être possible dans un récit de fantasy pseudo-historique), elle commence tout doucement à déconstruire la réalité de ce récit historique pour peu à peu nous faire comprendre que l'histoire, et peu-être même le temps, n'est qu'une espèce de construction dépendante de notre perception. Ca, c'est déja vachement bien.
C'est encore vachement mieux quand le récit réellement suivi, l'histoire de Cendres, a ce niveau de crédibilité et de réalisme. Parce que bon, aller vérifier si Cendres existe vraiment dans la wikipedia, je l'ai déja fait plusieurs fois. Juste parce que l'auteur arrive bien à m'embrouiller l'esprit avec ses descriptions trop réalistes de toute l'europe médiévale (le col du Gothard, par exemple, est une très jolie description). Il y a donc de jolis décors, mais aussi des personnages très finement campés, et pas pas seulement Cendres, mais aussi tous ses officiers, voire même certains des soldats de base de sa troupe de 800 hommes.
La contrepartie, c'est que c'est un récit qui peut provoquer assez facilement l'indigestion, surtout quand Mary Gentle nous démontre qu'elle a une connaissance des armures qui ferait frémir plus d'un expert en soldatesque médiévale, voire même un ou deux traducteurs ;-)
Mais c'est un défaut somme toute mineur pour un vieux routard de la lecture, et ça n'a vraiment pas suffi à me dégoûter de ce roman, que je vous recommande plus que chaudement.