Dans ce roman, l'auteur nous convie à une relecture de la conquête de l'ouest "avec supplément de canines" (pour paraphraser le slogan de
Deadlands - je sais, je ressors cette référence à chaque fois qu'on parle de western fantastique, mais j'y peux rien). On assiste donc à toute la conquête de l'amérique, des débarquements des premiers colons au XVIIème siècle jusqu'à l'apparition de l'automobile et à l'émergence d'Hollywood au début du XXème.
Pour couvrir toute cette période avec un minimum de dynamisme, cette longue histoire est découpée en petites nouvelles façon fix-up. Ca nous donne l'occsion de croiser plusieurs personnages historiques de la conquête de l'ouest :
Mark Twain,
Billy the Kid,
Doc Holliday (qui dans ma tête a toujours la tête de Val Kilmer dans Wyatt Earp) et d'autres encore.
La subtilité dans ce roman tient au fait que les vampires, sans être toujours clairement visibles dans les différentes nouvelles, vont influencer l'histoire de chacun de ces personnages. Ainsi Mark Twain ne deviendra jamais un grand auteur, et Billy the Kid ne sera pas seulement un bandit, mais aussi le héros de la bataille de New Rome City. Ca oblige d'ailleurs le lecteur de ce récit à consulter régulièrement des ouvrages de référence pour voir en quoi l'histoire du Far-west de
Wayne Barrow est uchronique. Ce qui rend, je trouve, la lecture vraiment intéressante, puisqu'elle m'a poussé à lire pas mal d'autres choses.
Un autre point très intéressant dans ce roman est la façon dont les vampires sont préwsents (ou pas) dans cette histoire. En effet, ce roman prend comme personnages uniquement des participants à la conquête de l'ouest, et jamais le moindre "suceux", comme les habitants de la nouvelle-France les appellent. Cette vision authentiquement partiale m'a quand même conduit, au bout d'un moment, à m'interroger sur la place des vampires dans ce récit : sont-ils une vision métaphorique des indiens, pourtant présents ? Sont-ils une vision des conquérants ? Je n'ai pas réussi à le déterminer clairement.
Ce que j'ai en revanche réussi à déterminer, c'est que certaines scènes de cette histoire de l'ouest m'ont quand même mis sacrément mal à l'aise :
le massacre de Wounded Knee, certaines attaques de vampires, le sort réservé par Billy the Kid à ses ennemis, ...
J'ai quand même parfois eu l'impression que l'auteur baignait dans une certaine complaisance pour ces scènes pas forcément faciles à lire, et dont le détail n'est pas forcément utile au récit. Mais bon, avec l'âge, je dois devenir un peu pudibond avec toute cette violence.
Cela dit, ça n'ôte pas vraiment beaucoup d'intérêt à un livre qui est assez bien, malgré quelques faiblesses : les récits du début et de la fin n'apportent pas grand chose (en particulier la déchéance de Mark Twain qui ne sert authentiquement à rien d'autre qu'à détruire un pauvre vieux fou), et peut-être un côté un peu trop exercice de style à ce qui est avant tout une uchronie du far-west avec l'ombre de Dracula planant dessus.
En fait, j'ai même l'impression d'avoir loupé quelque chose à cette histoire, mais je saurais trop dire quoi ... alors lisez-le, faites-ous votre propre opin ion, et venez donc me détromper.