Dix nouvelles imaginent un monde où l'ingénierie génétique a mis au point une barrière immunologique révolutionnaire et où l'enfant à naître est protégé de tous les poisons de la société moderne : virus, toxines, drogues, etc. Dans ce monde, le bonheur est simple comme une pilule et la religion entretient un rapport inédit avec les univers virtuels.

Review

Ce recueil d enouvelles rassemble une dizaine d'écrits de Greg Egan datant des années 90. Dans l'ensemble, je le trouve moins bon qu'Axiomatique, qui m'avait vraiment ébloui.

Là, peu des nouvelles remettent en question ma conception de l'univers (au sens le plus physique du terme), même si elles abordent pour la plupart des thèmes assez intéressants, que je m'en vais détailler ici.

Comme pour le précédent recueil de nouvelles, je m'en vais les détailler avec mon avis en guise de conclusion.

Paille au vent

une espèce de version hard-science (avec jungle génétiquement modifiée et ingéniérie génétique visant à modifier le cerveau inclues) d'Apocalypse Now : un homme part à la recherche d'un savant perdu dans la jungle, pour y découvrir un truc de dingue.

L'Ève mitochondriale

Une scete prétend que tout le monde descend de la même femme (ou du même groupe de femme) et le démontre grâce à l'ADN mitochondrial. Un chercheur en physique se met en tête de voir si l'Adam mitochondrial existe ... ou pas. Pas forcément inintéressant conceptuellement (après tout, toute l'humanité descend d'un groupe de pré-hominiens de la vallée du Rift), mais pas non plus renversant.

Radieux

Ca c'est intéressant : une quête dans les mathématiques des très grands nombres qui amène à l'utilisation d'un ordinateur de lumière (ça parle forcément à l'informaticien en moi), qui nous mène dans des espaces mathématiques proches des paradoxes de Gödel Escher et Bach et de Cantor. Il y a de plus à un moment donné un renversement de perspective intéressant (avec la résistance de certains sous-espaces des grands nombres, pour des raisons pas tout-à-fait anodines).

Monsieur Volition

Qui est je ? Quel est la partie d enotre cevreau dans laquelle siège le moi ? Une question psychanalytique que Marvin Minsky a démonté dans link:9782253103431.html[La société de l'esprit La Cité de l'orque] (mentionné par l'auteur en post-scriptum de la nouvelle). Greg Egan s'en empare donc, pour nous montrer ce qui se passait si nous pouvions examiner nos propres processus inconscients/subconscients/para-conscients. Et, franchement, c'est moche. Un peu comme la nouvelle, d'ailleurs, qui n'apporte pas grand chose, je trouve.

Cocon

Je crois que l'auteur a une sensibilité particulière pour l'identité sexuelle (encore heureux ça montre qu'il est encore incarné biologiquement). Et dans ce récit, mettant en scène un privé enquêtant sur l'explosion d'un laboratoire de biotechnologies, elle est au coeur du récit : est-elle innée ou acquise ? Peut-on la choisir (ou pas) avant la naissance d'un enfant ? Si le thème est intéressant, l'enquête est traitée d'une manière un peu plate, je trouve, et nous laisse un léger goût de cendre froide par sa conclusion pas vraiment joyeuse, mais pas non plus terrifiante - juste barbante, en fait.

Rêves de transition

J'ai bien aimé cette histoire un peu fantasmatique, dans laquelle le personnage principal espère se réveiller, à l'issue d'un de ces fameux rêves de transition, dans un corps robotique potentiellement immortel. La conclusion nous révèlera l'horrible vérité qui se cache derrière cette illusion ...

Vif Argent

Vous avez déja vu la série américaine NIS où ils passent leur temps à traquer des microbes mortels en slips ? Ben là, c'est pareil : une chasseuse de microbes écume les communautés du XXIème siècle aux trousses d'un méchant virus écorcheur ... sans pour autant comprendre la nature de la révélation que ce virus peut apporter. Bon, moi non plus, j'ai pas compris cette espèce d'esthétique de la mortification, mais ça doit être mon côté hyper-rationnaliste ... ou pas.

Des raisons d'être heureux

Indubitablement le meilleur récit de ce recueil : un enfant rendu heureux par la maladie déprime parce qu'il guérit et qu'on l'a trépanné du centre du plaisir pour ça (jusque là, normal) avant de retrouver goût à la vie grâce à l'implantation d'un morceau de cerveau de rechange. La conclusion est étonnante, tout comme la nouvelle en fait.

Notre-Dame de Tchernobyl

Des adorateurs d'icônes radioactives lancent encore une secte bizarre (comme disait Colaro en son temps). Un enquêteur qui ne sait rien de tout ça est lancé à la poursuite d'une icône disparue, et met à jour ce sombre traffic. Pas vraiment passionant, sans doute parce qu'Egan ne me semble pas vraiment à l'aise dans le genre policier : il se contente d'en aligner les poncifs sans réellement en tirer d ela force, mais plus comme un canevas dans lequel il peut planter ses délires scientifiques.

La Plongée de Planck

Peut-on trouver dans un trou noir une éternité plus durable que l'univers ? Voilà à quoi doivent répondre les avatars de cette expédition sans retour. Il y sera encore question de calcul infinitésimal, de Cantor, et d'autres joyeux gadgets mathématiques, malheureusement gâchés par un récit d'une aridité rare.

Mon avis

Je crois que ça fait des années qu'un livre ne m'était pas ainsi tombé des mains. J'ai mis deux MOIS pour le lire ! Alors franchement, dire qu'Egan est le roi de la nouvelle, c'est mentir. Et ce livre en est la preuve. Une ou deux nouvelles arrivent péniblement à y surnager ... C'est à mon avis nettement trop peu, surtout que je veux bien reconnaître être plutîot fan de hard-science. Alors si ce genre et/ou cet auteur ne sont pas votre tasse de thé, passez votre chemin, vous allez vraiment vous emmerder à crever.