Sursamen : un monde gigantesque, creux, composé de coques concentriques, construit pour une raison inconnue par une civilisation disparue depuis des milliards d'années. Colonisé par des dizaines d'espèces. Des rats dans une épave. Les niveaux 8 et 9 sont occupés par deux peuples médiévaux en guerre perpétuelle. Le roi Hausk va triompher mais il est assassiné par son bras droit. Ses fils connaissent des destins différents. Ferbin, témoin du crime, cherche l'aide de la Culture. Oramen, futur roi, tente d'échapper aux complots de l'assassin. Leur sœur, Anaplian, devenue agent de Circonstances Spéciales, veut venger le roi. Un nouveau volet du Cycle de la Culture, cette société galactique hédoniste, tolérante et anarchiste, qui apparaît ici sur la toile de fond d'une Galaxie grouillante de vie. Une histoire aux accents shakespeariens où la mort est le prix de l'honneur.

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Review

Dire de ce roman qu'il est foisonnant est un euphémisme.
Essayons toutefois de résumer.
On retrouve dans ce roman La Culture, et ses personnages typiques : drones (aussi intelligents qu'un humain "moyen" de la Culture), mentaux de vaisseaux spatiaux et, évidement, humains de la Culture (ce qui signifie des gens très nettement améliorés avec leurs lacis neuraux, leurs glandes pilotées consciement, et autres équipements plus proches de James Bond que d'autre chose). Mais, contrairement, aux précédents romans de la Culture, celle-ci n'est plus cette fois la civilisation "dominante" (je mets le terme entre guillements par respect pour la politique non hégémoniste de la Culture : celle-ci tente de respecter les civilisations moins développées). On découvre donc avec stupeur que la Galaxie est peuplée d'innombrables espèces intelligentes, dont au moins une, les Morthanveldes, est aussi avancée technologiquement, culturellement et philosophiquement que la Culture. Ces Morthanveldes, comme la Culture, ont pris sous leur aile des espèces "clientes" au sens moyen-âgeux, qui a leur tour ont leurs propres clients. On trouve donc des espèces de féodalités d'espèces clients, un peu comme dans les bouquins de David Brin (le cycle d'Elévation) mais d'une manière beaucoup, beaucoup plus profonde (les espèces sont nettement plus intelligentes que chez Brin, et quelques lignes de Banks suffisent parfois à nous apporter des détails complètement dingues sur ces extra-terrestres). Parmi ces clients, on trouve en particulier les nariscènes qui ont à leur tour comme clients les octes. Ces octes se prétendent héritiers d'une espèce disparue qui a construit à travers toute la galaxie des mondes gigognes.
Ce roman va prendre comme décor principal l'un d'entre eux, Sursamen. Un monde gigogne, comme son nom l'indique, est une espèce de planète à étages, chaque étage disposant d'un faux système stellaire, d'une athmosphère spécifique et même d'une couche de vide entre le haut de cette athmosphère et le plafond. Ce monde (qui m'a rappelé certaines discussions entendues jadis sur les terres creuses, chères à 360019), comprend une dizaine de niveaux, dont deux au moins sont peuplés d'humains : le huitième, et le neuvième. or ces humains sont affiliés à deux sphères d'influence différentes, d'après ce que j'en ai compris : les octes d'un côté et ... une autre espèce pour le camp d'en face. Forcément, c'est la guerre.
Une guerre d'autant plus violente qu'elle sert de spectacle à bon nombre de sociétés plus évoluées, qui trouvent la guerre répugnante chez elles mais ne dédaignent pas un petit massacre de primitifs (suivez mon regard ...).
Nous allons donc suivre, lors de cette guerre, le destin de deux princes de la famille régnante et de leur soeujr princesse "offerte" à la Culture en gage d'amitié.
En lisant ces premiers paragraphes, vous vous dites que je vous ai révélé des pans entiers de l'intrigue ? Vous vous trompez on ne peut plus lourdement. Rien de ce que j'ai écrit ci-dessus n'a d'incidence sur l'intrigue. il s'agit en fait simplement de vous offrir une vue d'ensemble sur cette histoire, qui démarre en fait dans le sens contraire : Iain M Banks nous parle d'abord des princes, puis de la nature de Sursamen, puis encore après de ces histoires d'espèces clientes avant de nous faire comprendre que la Culture peut y être mêlée ... Vertigineux ... dans les deux sens, en fait. Et ca n'est vraiment pas tout.
Chacun des personnages va évoluer dans sa trame narrative avant de rejoindre sa fratrie pour un final aux dimensions astronomiques. Et chacune de ces trames narratives, bien qu'indépendante, va nous éclairer sur toute la famille, son histoire, ses valeurs. Un premier prince va par exemple partir en voyage au-dela de Sursamen (qu'il n'avait jamais quitté) à la recherche d'une aide qui arrivera assez providentiellement au fin fond d'un habitat morthanvelde (une idée très jolie, même si encore plus irréaliste que les orbitales de la Culture). Le second va peu à peu découvrir qu'il baigne dans des complots et tenter de s'en sortir tout en découvrant des artefacts pré-humains (ce qui, avouons-le, a toujours été une activité risquée). La dernière va devoir choisir entre la Culture et Sursamen, ce qu'elle fera avec un style digne de la Culture et une détermination de Macho Woman With Guns ...
Est-ce que vous commencez à voir où ce roman veut en venir ?
Non ?
Pourtant, ça devrait être assez évident maintenant, non ?
Bon. Je vais vous donnez mon idée ..
Avec ce tome, Iain M. Banks s'est à mon sens demandé si il avait en lui la capacité à faire le roman de space-opera total. C'est-à-dire celui marriant le plus de thèmes SF avec la plus grande virtuosité. D'habitude, ça donne un genre de purée presque indigeste (comme ce que fait Alastair Reynolds par exemple) parce que trop épais, trop rempli d'intrigues apparement dissonantes reliées par des liens apparement trop faibles. Ou alors ça donne les romans de China Miéville, indéniablement meilleurs, mais malgré tout aux limites de ce que mon esprit peut digérer. Là, c'est ... différent. Si Iain M. Banks arrive à marrier ces différentes intrigues avec plus de facilité que Reynolds, et si l'objectif global est plus lisible que chez Miéville, ça ne fait qu'une chose : révéler que la plupart des intrigues, décors, mobiles qu'il a tiré du fin fond des armoires de la SF d'antan ne sont pas vraiment du meilleur accabit. Cela dit, ça reste extrêmement dépaysant et chacune des pages de ce livre réveille mon imaginaire, ce qui est déja plus que bien des auteurs ne peuvent en promettre. Malheureusement, ça ne suffit pas à rendre ce roman aussi bon que d'autres de la Culture. Dommage, en quelque sorte.
Toutefois, deux choses viennent sauver cette publication : d'abord la parution en français des quelques notes sur la Culture (la version originale peut par exemple se trouver là : http://www.vavatch.co.uk/books/banks/cultnote.htm), qui expliquent d'une façon incroyablement claire les tenants et aboutissants de cette civilisation pan-galactique, ce qui est une espèce de méta-lecture que j'ai trouvé remonter très largement le niveau du roman, et une bibliographie des oeuvres de Iain M. Banks, le genre de choses que j'ai de plus en plus de mal à trouver utile dans des livres quand noosfere, Goodreads et autres fournissent des bibliographies toujours plus à jour ...
Bon, je fais la fine bouche avec ce roman, mais ça reste la Culture, qui est à peu près ce qui se fait de mieux en space-op intelligent, donc lisez-le quand même, hein.