Les Enfers virtuels sont une invention de certaines sociétés puritaines de la Galaxie. Dans ces géhennes virtuelles souffrent sans fin les avatars de ceux qui ont transgressé les règles de ces civilisations. Les tenants et les opposants de ces Enfers se livrent des guerres sans merci. Jusque là dans le Virtuel. Sans morts ni blessés physiques. Mais cette guerre menace de se déplacer dans le Réel. Car les opposants aux Enfers sont prêts à faire monter les enchères. La Culture n’aime pas ça du tout. Quel rôle joue Veppers, l’homme le plus puissant et le plus corrompu de son système stellaire dans ce conflit ? Et quel pourrait être le destin de Ledjedje qu’il a tuée, mais qui a été ramenée à la vie par un vaisseau de la Culture ? La vendetta de Lededje pourrait avoir sa place dans les projets de Circonstances Spéciales.

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Review

Ce long roman met en scène une Intaillée à la recherche d'une Vengeance, un vaisseau de classe Abomniator à la recherche d'un peu d'action, un capitaine d'industrie à la recherche de profits phénoménaux, les enfers virtuels de toutes les espèces en ayant développée, et une apparition en guest star de Chéradénine Zakalwe.
Confus ?
Pas tant que ça.
Ces enfers virtuels sont considérés par certaines espèces intelligentes comme une nécessité pour éduquer les masses laborieuses, et par d'autres comme un reliquat abominable. Du coup, évidement, c'est le conflit (parce que tout le monde n'est pas aussi éduqué et tolérant que la Colture). Un conflit initialement virtuel, mais qui va acquérir au cours du roman une certaine forme de réalité, ce qui donnera lieu à des scènes d'action dignes des meilleurs space-op militaristes ... enfin, une fois qu'on les filme au ralenti, parce qu'en temps réel, c'est instantané.
Bon, et donc, ces enfers sont l'objet d'un conflit. Soit.
Conflit dans lequel le capitaine d'industrie sans scrupule est impliqué, et dans lequel son Intaillée l'est également, et à plus d'un titre.
Mais au fait, une Intaillée, qu'est-ce que c'est ? Eh bien c'est une personne dont le génome a été altéré pour faire apparaître un tatouage aussi spectaculaire que possible. Pourquoi ? Parce qu'elle est un bien (le fait qu'elle soit une propriété de ses parents n'est pas qu'anecdotique) que son propriétaire souhaite rendre aussi décoratif que possible. Et son propriétaire est évidement le capitaine d'industrie susnommé.
Ca donne donc un maelstrom d'intrigues, de personnages (j'en oublie là un bon paquet, hein), de mouvements, ... sur lequel je ne pourrais pas m'étendre à moins, bien sûr, de plagier complètement l'oeuvre intiale, ce qui n'est pas mon intention.
Ce que je peux en revanche écrire sans problème, c'est mon ressenti. Qui est ... indescriptible. La sensation la plus proche est celle que je ressens à chaque fois que je vois quelqu'un de fortement tatoué : une espèce de dégoût/fascination mêlé d'incompréhension et d'horreur. Tout ça parce que le sujet central de ce roman, la mort et ce qu'on espère vivre après, me terrifie. Du coup, les descriptions des enfers m'ont bien évidement horrifié, ce qui était leur but.
Dans ces cas-là, générallement, la frontière entre la simple description et le voyueurisme pervers est fine, et bien souvent franchie accidentellement (ceux qui la franchissent volontairement, comme Yann Minh, forment évidement une catégorie à part). Iain M. Banks n'étant pas, à mon avis, un auteur idiot, il a réussi à éviter cet écueil pour nous donner une vision terrifiante, sans espoir, d'une noirceur encore plus absolue que l'espace, nous poussant naturellement dans le camp anti-enfer, ce qui est à mon sens un des éléments logiques de la doctrine de la Culture, société libertaire et hédoniste. Du coup, on voit cet enfer comme un monde supplémentaire dans l'infini de l'espace, un monde dont les habitants, pour étranges qu'il soient, ne peuvent pas sortir.
Et lorsque la mort est en fait une résurection, comme c'est le cas chez les membres de la Culture, un tas d'autres questions se posent : que s'est-il passé ? La personne rescucitée est-elle vraiment la même que celle qui est décédée ? Doit-on vivre post-mortem en fonction de ses désirs pré-mortem ? Tout cela est bien compliqué, et la réponse n'est évidement pas dans cette oeuvre.
A côté de ces questions aussi profondes que la tombe, existe dans ce roman plusieurs autres trames narratives, sur lesquelles je n'ai pas envie de m'étendre, parce qu'elles arrivent par leur inventivité à faire partiellement oublier cet aspect bien sombre de l'oeuvre.
Je me contenterais d'en dire que l'aspect intimiste des oeuvres de Banks est à chaque fois une surprise permanente et une raison de lire chaque tome, tant la variété des caractères, des impressions, des motivations est remarquable. Qui plus est, j'ai trouvé dans ce roman la pleine justification de l'ellipse que met toujours Banks autour de ses scènes d'action : ça ne nous intéresse en fait pas. ce qui nous intéresse, ce sont les émotions des personnages, et c'est un plaisir de les voir décrites.
c'est également un plaisir de voir l'auteur s'amuser avec ses mentaux aux noms si surprenants ("En dehors des contraintes morales habituelles" est devenu mon nom de vaisseau préféré, figurez-vous). Des noms surprenants pour des mentaux qui le sont encore plus : chaque tome nous fait découvrir de nouvelles subtilité dans cette société des vaisseaux de la Culture qui nous montrent que cette méta-civilisation n'est absolument pas l'humanité, mais quelque chose de l'ordre de l'utopie.
C'est une des raisons, avec l'omniprésence de la mort, qui font que ce roman n'est peut-être pas la meilleure introduction à la Culture, mais peut-être l'un de ses meilleurs tomes et, à ce titre, uen lecture tout sauf accessoire.