Venu du fin fond de l’espace, le Grand Vaisseau est vaste comme Jupiter et semble vieux de plusieurs milliards d’années. Nul sait d’où il vient, ni qui l’a construit. Est-il aussi ancien que l’univers lui-même ? Vide, abandonné, il dérive à proximité de notre galaxie, lorsque les Terriens s’en emparent. Ils s’y installent puis le transforment en paquebot de luxe, qui emporte plus de cent milliards de représentant de toutes les espèces intelligentes de la galaxie pour de longues croisières autour des étoiles. Un jour, on découvre, en son cœur même, une chambre dissimulée contenant une planète au noyau de métal. Une mission d’exploration constituée des meilleurs capitaines est diligentée. Mais un accident survient, et ils se retrouvent naufragés. Pendant ce temps, le grand Vaisseau continue sa course sans eux. Mais quelqu’un, visiblement, sait où il va, et, surtout, d’où il vient…

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Review

C'est un roman difficilement descriptible, parce que dépassant toutes les échelles, toutes les mesures envisageables. Donc attention aux spoilers.
Donc, un grand vaisseau est entré un beau jour d'un passé quasiment mythique dans la voie lactée. Grand comment ? Eh bien ... disons qu'il me semble que Rame est un artefact bien plus petit. Il me semble, en fait, que ce vaisseau est au moins aussi grand qu'une géante gazeuse ... les réacteurs en plus ...
D'ailleurs, pour être honnête, et parce que c'est un ressort essentiel de l'intrigue, ce vaisseau est suffisamment grand pour cacher en son centre, sous des centaines de kilomètres de matériau ultra-dense, une planète tellurique complète et vivante.
C'est donc un vaisseau d'une grandeur inimaginable.
Et les humains ont pris pied dans ce grand vaisseau. Et ils en ont fait un vaisseau de croisière.
Oh, bien sûr, ça leur a pris du temps. Mais ces humains d'un futur lointain ... ont tout leur temps : ils sont génétiquement améliorés, et capables de faire repousser un membre ou un organe en quelques heures. Et évidement, ils sont immortels face aux outrages du temps.
Autant dire qu'on est dans la science-fiction la plus échevelée. Je vais même aller plus loin et affirmer qu'il y a eu d'oeuvres qui offrent, sous els traits d'humains, un tel sentiment d'altérité.
Revenons-en à ces humains.
Il y a donc un équipage (pensez à la croisière s'amuse, mais avec des extra-terrestres et sans l'humour), et cet équipage (pléthorique ... je dirai même, suffisant pour repeupler la France) entretient ce vaisseau. Et au sein de cet équipage, il y a des intrigues de cour, intrigues qui font conduire une partie de l'équipage sur cette planète cachée au centre du vaisseau, sans moyen de transport de retour pour le reste du vaisseau.
Du coup, ces naufragés immortels vont reconstruire une civilisation qui leur permettra de reconquérir le vaisseau. Ca ne leur reprendra pas trop longtemps ... juste CINQUANTE SIECLES.
Bon, j'ai assez spoilé je crois ...
Vous avez compris que c'est un roman qui, malgré son nombre de pages presque contenu, déborde dans toutes les dimensions de l'espace et du temps.
Et je dois dire que ça m'a littéralement stupéfait.
Je savais (depuis link:9782253071716.html[La Grande Rivière du ciel]) que l'auteur avait ... comment dire ... une espèce de goût, ou plutôt de talent, pour pousser la suspension d'incrédulité à ses limites. Eh bien, là, les limites ont toutes été frôlées de très près, mais jamais dépassées à mon sens. Et ça, vous voyez, je trouve ça vraiment fabuleux : frôler à chaque fois l'excès, mais ne jamais l'atteindre pour livrer un décor totalement incroyable.
Bien sûr, face à ces dimensions dantesques, l'intrigue, elle, paraît bien palote : il y est question avant tout de tentatives de prises de pouvoir dans ce grand vaisseau, par différentes factions. Alors ça n'est pas que ça ne soit pas intéressant, c'est plutôt que je ne crois pas que beaucoup d'intrigues arriveraient à égaler l'outrance de cet environnement. Il y a cela dit quelques très beaux passages, je pense en particulier à ce capitaine déchu puis réintégré qui mène l'enquête - par amour, bien sûr - sur les capitaines disparus pendant à peine cent ans !
Bon, alors évidement, c'est un roman qui m'a fait forte, très forte impression, même. Parce que le grand vaisseau est énorme. Parce que ces humains sont absolument inhumains de détermination et de patience. Et parce que tout y est trop grand, trop impressionnant, trop fabuleux pour ne pas me stupéfier.
Je crois, tout simplement, tenir là le chef-d'oeuvre de Gregory Benford. Alors du coup, je ne peux que vous conseiller de le lire.