Review
Eh oui, on peut dire que 2020 aura été une année très Catherine Dufour pour moi.
Ce roman-ci reprend, des aveux de l'auteure, les thèmes déja exprimés dans des romans comme Twilight ou 50 nuances de gris : une jeune femme d'origine raisonnable découvre l'amour et une passion aussi torride que dérangeante pour un homme de haute extraction sociale, mais cachant un Sombre Secret.
Bon, en l'occurence, ce roman part très vite dans une direction très Dufourienne : la jeune femme a une claire conscience de ce qu'est sa place dans l'économie du XXIème siècle, la surveillance panoptique par l'employeur est une réalité aussi terrifiante qu'assumée dans cette entreprise ... douteuse. Et si sa rencontre avec le bel et sombre inconnu a lieu via des moyens modernes, elle prend vite une forme assez classique de récit initiatique (dans le domaine de la relation parfaitement toxique à tous points de vues) avant de finir mal, vraiment mal.
Evidement, même si je ne pense pas être le public formé aux canons de ce genre (la chick-lit tendance dark basée sur des ressucées des deux oeuvres précédement citées), les thèmes en sont clairement balisés, et Catherine Dufour a su les démolir avec talent.
Il y a d'abord une forme d'érotisme lourd : l'auteure doit parler des seins qui pointent, du désir qui agite sourdement les nuits de l'héroïne, laisser l'homme dans l'ombre au maximum, avant de révéler la puissance de l'amour, j'imagine. Et c'est bien respecté ici avec toutefois une intéressante nuance d'amour/haine : Myriame désire Vane, mais le déteste, mais l'aime, mais le veut. Et du point de vue du lecteur, c'est presque drôle ...
C'est presque drôle parce que cet érotisme est contrebalancé par la nature de Vane. Qui, quand elle est révélée, fait passer l'héroïne pour une fétichiste aux goûts vraiment bizarres. Cette nature nous permet aussi à l'auteure quelques belles pages sur Paris, ses toits, ses immeubles, son sol, et même ses catacombes ces pages là sont à réserver à un public averti - parce qu'il y a un vrai malaise là-dedans). Et c'est assez réussi. Pour tout dire, je ne regarde plus les bâtiments de la même manière.
Et puis il y a (comme dans tous les romans de Catherine Dufour) un fond de révolte sociale qui rend tout ça supportable (parce que sinon, il s'agirait juste d'une histoire de désir particulièrement toxique et difficilement supportable) : Myriame a des désirs d'égalité, comme en ont même les mânes du fond des catacombes. Et cette vision un peu gauchisante fait toujours plaisir à lire de mon point de vue.
Pour finir, je fais un lien franchement fort entre ce roman et Au bal des absents : dans les deux cas, on voit une femme en difficulté sociale affronter l’innommable et s'en sortir. Et le fait que l'héroine du bal des absents s'en sorte finalement mieux que celle-ci laisse à penser tout le bien que Catherine Dufour voit dans les histoires d'amour et de passion sans retenue.
Franchement, c'était une très bonne lecture.