Billy Harrow est le spécialiste des céphalopodes au Musée d'histoire naturelle de Londres. Il organise les visites pour les collections privées, dont le Architeuthis dux (un calmar géant) est la pièce majeure. Lors d'une de ces visites, il constate avec horreur que le mollusque de huit mètres a disparu ! La vie de Billy bascule très vite : une branche secrète de la police vient l'interroger, il découvre l'existence d'une secte des adorateurs du Dieu Kraken et comprend qu'il existe un Londres souterrain et surnaturel…

Review

Cet épais roman raconte l'histoire complètement folle du vol d'un poulpe géant conservé dans du formol au muséum d'histoire naturelle de Londres. L'embaumeur de ce kraken se retrouve alors pris dans une série de complots qui vont le pousser à reconsidérer son rapport au réel.
On est évidement ici dans la grande tradition de la fantasy urbaine initiatrice, qui emmène un personnage du monde classique à la découverte d'un monde fantastique qui coexiste avec sa réalité habituelle. Ce qui donne d'ailleurs un côté presque copier-coller avec Lombres du même auteur. Et c'est dommage, parce qu'outre le fait que le procédé est franchement rebattu, le fait d'avoir deux romans du même auteur qui l'exploitent de façon certes différente, mais quand même dans le même lieu, donne quand même l'impression d'une forme de paresse intellectuelle. Paresse intellectuelle qui n'a pas vraiment sa place quand on parle d'un roman de plus de 700 pages.
Cela dit, ce premier élément est plus de l'ordre de la critique formelle. Un autre tient justement à la taille du roman : 700 pages, c'est long. Et autant je comprenais tout le sens de ces 700 pages dans Les Scarifiés, autant là, vu la relative simplicité de l'intrigue, j'ai tendance à croire que l'intrigue se retrouve un peu délayée.
Une fois ces points désagréables passés, il y a quand même dans cette authentique fantasy urbaine des éléments réellement fascinants. Le premier est évidement la présence de l'encre qui irrigue tout ce récit avec d'abord la présence du Tatoué, qui apparaît nettement comme une ombre menaçante, puis des éléments de plus en plus nets avant de réellement clarifier le propos de l'ouvrage, qui est somme toute limpide (et curieusement assez auto-référent): écrire son histoire, c'est aussi la rendre immortelle.
Et c'est d'ailleurs tout le sens de cette intrigue qui invite dans l'histoire ... confuse ... une galerie de personnages spectaculaires, inquiétants et parfois complètement incroyables. Parce que bon, il faut bien reconnaître que c'est là le talent essentiel de l'auteur : créer une galerie de personnages inimitablement mémorables.
Pour le reste, comme vous vous en doutez, c'est finalement assez maigre : une intrigue difficilement compréhensible, un décor qui sonne parfois bien carton-pâte (à l'exception notable de l'église krakeniste), des personnages certes assez intéressants, mais pas vraiment d'implication. C'est d'autant plus dommage que le thème paraissait plaisant, et que certains passages, en en référant au mythe cthulien donnait une orientation très intéressante à l'ouvrage, mais qui malheureusement n'a pas suffit à rendre ce roman réellement intéressant. Dommage.