Or il advint qu'Om, le grand dieu, prit la parole en ce temps-là et s'adressa en ces termes à Frangin, l'Elu : " Psst ! " Frangin s'arrêta au milieu d'un coup de binette et fit du regard le tour du jardin du temple. " Pardon ? " lança-t-il. C'était une belle journée du printemps prime. Les moulins à prière tournaient joyeusement dans le vent qui tombait des montagnes. En altitude, un aigle solitaire décrivait des cercles. Frangin haussa les épaules et retourna à ses melons. Le grand dieu Om s'adressa derechef à Frangin, l'Elu : " T'es sourd, mon gars ? ". C'est une bien lourde responsabilité qui allait s'abattre sur les frêles épaules du jeune novice : il ne s'agissait de rien de moins que de prévenir une guerre sainte. Car il est des hérétiques, voyez-vous, pour prétendre au rebours du dogme de l'Eglise, que le monde est plat et qu'il traverse l'univers sur le dos d'une immense tortue...

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Terry Pratchett s’intéresse donc, pour son treizième tome, à un sujet brûlant : la religion.
Bien sûr, comme dans chacun des tomes précédents, le sujet sur lequel il jette son dévolu n’en sortira pas indemne. Et force est de reconnaître que la religion Pratchettienne n’a rien à envier à la religion terrienne : entre inquisiteurs et exquisiteurs, la foi n’a pas grand chose à voir avec la toute puissante religion Omnienne, sauf peut-être pour le dénommé Frangin, mais c’est le coeur du récit et je n’irais pas ici le dévoiler.
Par contre, cet opus est intéressant à plus d’un titre. D’abord, l’action ne se situe ni à Ankh-Morpokh ou son voisinage, ni dans les montagnes du Bélier. Ensuite, le héros n’est pas Rincevent, on ne voit pas passer de Bagage coureur, ni aucune des sorcières des susnommées montagnes. Par contre, la Mort fait une apparition discrète, mais intéressante, dans la conclusion d’une bataille épique.
Tout cela done un roman assez neuf, puisqu’on y visite en profondeur Ephébe, le pays des philosophes et de leurs croyances étranges et bizarres. Mais le décor n’est pas tout. L’histoire (qui est aussi l’Histoire) subit elle aussi les foudres de ce désir de nouveauté d’un auteur déja tout puissant. Et je me dois d’avouer humblement que des histoires de ce niveau, j’en redemande ! Le style est toujours aussi percutant, mais il est cette fois au service d’un récit brillant par son génie (et son orang-outan). Et les fameuses petites phrases de Terry Pratchett font toujours aussi mal !
Bref, en un mot comme en cent, lisez-le, vous ne pourrez pas le regretter.