L'Empire ressuscité : quatre-vingts mondes sous la domination absolue d'un Empereur immortel. Son ennemi : la secte des Rix, fanatiques cyborgs dont le but est de faire émerger des I.A. toutes-puissantes sur chaque planète qu'ils rencontrent, puis de les vénérer comme leurs dieux. Le secret de l'immortalité détenu par le souverain permet d'accroître les populations et de renforcer ses armées. Ses partisans les plus farouches, les « gris », ont peu d'opposants si ce n'est le parti du sénateur Nara Oxham, qui milite pour que cesse la résurrection des morts.
Quand la soeur de l'Empereur, l'Impératrice-enfant, est capturée par les Rix, le Père des immortels craint que son secret ne tombe entre les mains ennemies. Le commandant Laurent Zaï, héros de guerre célèbre, est envoyé en mission de sauvetage. s'il échoue, il lui faudra renoncer à l'immortalité et bien plus encore...

Première partie du space opera Succession, Les Légions immortelles nous entraînent dans un futur lointain où humain et machines luttent pour sauvegarder l'intelligence. Oui, mais laquelle ?

Series

Review

Je dois dire en préambule que la quatrième de couverture de ce roman ne lui rend pas hommage. Non, vraiment pas. Allez la voir n’importe où, et vous penserez qu’il s’agit d’un banal space opera intégrant de nombreux thèmes fantasy. C’est vrai quoi, entre l’empereur immortel, le gentil héros de guerre, et les méchantes amazones à moitié inhumaines, on s’y croirait.

Si vous pensez ça, vous vous préparez une sacrée désillusion. Heureusement, même si vous serez déçu de vos espoirs initiaux, le contenu du roman aura tôt fait de vous reprendre en main, et de vous faire comprendre où se trouve la bonne SF : dans ces pages. Parce que franchement, ce roman, c’est une baffe. Une baffe explosée dans le temps(1). Alors bien sûr, on pourrait penser (encore une fois) que, comme d’habitude, ce procédé de flashbacks constant ne facilite pas spécialement la compréhension du récit. Peut-être que c’est vrai, mais ça n’est pas ce que j’ai pensé. Pour ma part, j’ai trouvé que les scènes très émouvantes décrites dans ces flashbacks apportaient un éclairage inattendu sur les scènes d’action – ou diplomatiques qui sont le coeur du récit. Qui plus est, elles permettent à l’auteur d’utiliser une palette beaucoup plus large d’émotions, mais aussi de mieux camper ses personnages en leur donnant plus de profondeur. Et de la profondeur, il y en a. Chacun des personnages présentés – sauf peut-être l’empereur – a ses failles, ses points de rupture. Et, encore plus important, ils ne se comportent pas tous de façon héroïque(2). Et ça, ça fait à mon sens toute la différence entre un roman distrayant et un roman réellement intéressant. Ce procédé d’humanisation, poussé très loin dans cette histoire, donne à mon avis beaucoup plus de sens aux engagements politiques, moraux et philosophiques des personnages et nous permet ainsi de bien mieux appréhender l’opposition de la sénatrice à l’immortalité. C’est vrai quoi, l’auteur aurait pu nous asséner ça comme une évidence, une espèce de postulat tout à fait digne d’un link:../series/Honor_Harrington.html[Honor Harrington](3)(4). Mais il choisit de ne pas le faire et, bien mieux, de nous faire profiter d’un exposé touchant et bien senti sur les méfaits de l’immortalité sur le progrès d’une civilisation. Avec un peu de mauvaise foi, on pourrait considérer ça comme un place aux jeunes, ce que ça n’est pourtant pas.

Ce que ça n’est pas non plus, c’est un roman trop cérébral. Bien sûr, la présentation des différents enjeux (l’immortalité, la lutte de l’homme contre la machine, le progrès, quoi) prend une certaine place, mais elle n’est pas perdue, je trouve. Et puis, le reste du roman est beaucoup plus remuant. Prenez par exemple cette scène d’ouverture hallucinante, avec ces micro-vaisseaux espions(5) utilisés pour lancer une action qui va ensuite changer d’échelle, pour passer directement à l’orbite planétaire, avant de redevenir un combat de commandos. Est-ce que c’est pas fabuleusement bien pensé ? Moi, je trouve que si.

Et en fait, à mon avis, c’est tout ce bouquin qui est bien senti, se laisse lire avec une facilité déconcertante, tout en laissant en tête des moments d’émotion intense(6). Tout ça pour vous dire que comme space opera moderne, c’est à mon avis pas loin d’être le meilleur que j’aie lu depuis un sacré moment.

(1) Avec de multiples flashbacks dix ans en arrière expliquant la rencontre de deux des protagonistes de ce récit.
(2) L’exemple le plus flagrant est, bien entendu, le héros de guerre, qui refuse le suicide pour faute par amour, occasionant des remous dans son équipage qui, soit par lâchetré, soit par calcul, se montre à son tour très humain.
(3) L’armée, c’est bien les civils sont tous nuls, et les havriens des Ennemis.
(4) En même temps, ce roman partage avec la dame de la marine spatiale un certain nombre de points communs, en particulier dans le déploiement d’une flotte interstellaire et dans l’organisation d’un vaisseau de guerre, mais aussi, je trouve, dans le … comment dire … style narratif utilisé pour présenter ce vaisseau.
(5) Qui est pour moi une première : un space-opera à l’échelle de la cellule humaine, pour moi, c’est assez nouveau.
(6) Comme la description des tortures que subit Zaï.