Les épreuves physiques de l'examen d'entrée à l'Académie militaire, pour un nabot aux os fragiles comme du verre, c'est l'enfer : en sautant d'un mur, Miles se casse les deux jambes et voit s'effondrer ses espoirs de servir l'empereur de Barrayar.
Un avenir morne s'ouvre devant lui. Morne ? Ce serait mal le connaître ! Elena, la belle Elena, la fille de l'affreux Bothari, a envie de retrouver sa mère. Qu'à cela ne tienne : Miles organise un voyage sur la colonie de Beta. Où il achète un vaisseau. Où il engage un pilote et un déserteur, ex-officier de l'empereur. Où il se fait passer pour le chef des mercenaires. Dendarii... Ils n'existent pas ? Aucune importance ! Ils ne tarderont pas à devenir bien réels.
Oui, mais il va falloir les payer. Or Miles n'a pas un sou. Il n'a même pas réglé la reconnaissance de dette qu'il a signée pour acheter son vaisseau ! A défaut d'argent, on a intérêt à avoir du génie. Et du génie, cet avorton en a décidément à revendre.

Review

Dans ce troisième tome, papa et maman laissent enfin la place à leur difforme, mais génial, rejeton pour sa première aventure en solo.
Aventure qui commence plutôt mal avec deux jambes brisées (entraînant avec elles les espoirs du jeune Miles de servir l'empire). De dépit, il va aller se réfugier chez les betans plus modernes et se laisser entraîner dans des aventures qui le conduiront à l'invention de son fameux alter-ego : l'amiral Naismith, redoutable chef d'une armée de mercenaires totalement virtuelle (enfin, pas longtemps).
Comme je l'avais dit en parlant des aventures de sa mère, le personnage de Miles est ce qui fait réellement le sel des intrigues de ces romans, avec sa façon de tirer des idées de son chapeau plus vite que tous ses interlocuteurs, pour se sortir à chaque fois de ses problèmes avec un nouveau problème plus grave à résoudre, mais plus tard. Dit comme ça, il a l'air dingue, mais tout s'enchaîne dans ce tome avec un tel génie qu'on ne peut pas croire que ce soit uniquement de l'improvisation. Ce qui, d'ailleurs, donne tout le réalisme à ce personnage, c'est qu'à côté de ces authentiques délires mégalomanes, c'est aussi un petit bonhomme qui se pose des tonnes de questions typiques de la post-adolescence : est-ce que cette fille m'aime ? Est-ce que je peux réussir ? Est-ce que je ne suis pas en train de monter une sinistre farce qui va brutalement se retourner contre moi ? Et au bout du compte, si je précipite des hommes dans la mort, directement ou pas, est-ce que je ne suis pas juste un meurtrier ?
Bref, si Miles attire tout à lui, c'est sans aucun doute parce que c'est un personnage d'une densité incroyable. Et ça, c'est la toute première réussite de l'auteur : nous faire authentiquement croire à Miles, avec toutes ses qualités (et tous ses défauts). Comme si ça ne suffisait pas, l'univers créé est d'une richesse et d'un réalisme saisissant (enfin, selon les normes du space-opera, hein).
Je ne peux donc que vous recommander la lecture de cette première aventure du nabot galactique, qui se termine (et ça, c'est limite un bonus caché) par une jolie conspiration à la barrayarane aboutissant, pour Miles, à un résultat pour le moins inattendu ...