Locke Lamora, l’ancienne Ronce de Camorr, et son comparse Jean Tannen ont fui leur cité natale. Débarqués à Tal Verrar, ils vont y exécuter leur forfait le plus spectaculaire : s’attaquer à L’Aiguille du péché, une maison de jeu réservée à l’élite, et voler son incommensurable trésor. Un seul moyen pour cela : gagner les divers jeux proposés aux clients. Une formalité pour Locke et Jean.
Mais, une fois encore, les deux compères se retrouvent embringués dans des aventures imprévues... et devront se frotter à la flotte pirate du célèbre capitaine Zamira Drakasha. Une véritable sinécure pour des voleurs qui ne distinguent pas bâbord de tribord. Pendant ce temps, les Mages Esclaves fomentent leur revanche contre celui qui les a humiliés avant de disparaître : un certain Locke Lamora…

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Review

Oh bon sang comme c'était bien.
Dans ce bouquin, Locke Lamora et som ami Jean s'en vont tenter un authentique coup de haut niveau, façon Ocean's Eleven ou Arsène Lupin. Vous allez me dire que c'est un peu la même chose que le premier tome ? C'est vrai. Mais. Ca n'est pas la même région du monde. Ca n'est vraiment pas le même coup. Les mensonges qu'ils vont tisser, les complots dans lesquels ils vont baigner, les alliés qu'ils vont trouver, tout cela est très différent.
Donc effectivement, c'est à nouveau une histoire de coup dans les hautes couches de sociétés historico-fantastiques, mais tout cela n'a quand même pas beaucoup de rapport avec le premier tome ... mis à part un élément de contexte qui n'est pas insignifiant.
Si je résumais rapidement l'histoire, je dirai que leur tentative de vol va les entraîner dans un complot politique où, évidement, ils ne joueront pas leur rôle de pion de la meilleure des façons.
Maintenant, si je dois donner mon avis (et après tout je suis là pour ça), j'ai évidement beaucoup aimé pour tout un tas de raisons.
D'abord, Locke m'a rappelé d'une façon assez spécifique Miles Vorkosigan dans ses premiers tomes, quand il dévaste littéralement certaines stations spatiales par la grâce d'un spectaculaire mensonge. Et cette façon de mentir a pour moi un côté jubilatoire : le héros crée un premier mensonge monstrueux, tente ensuite de le cacher par un second mensonge encore plus monstrueux, avant finalement de s'enferrer dans un dernier mensonge aux dimensions proprement dantesques. Et en plus, ce mensonge du héros s'accompagne ici des mensonges de la plupart des autres intervenants, qui ont chacun des objectifs bien cachés.
Ensuite, ce roman met en scène de joyeux - non, de méchants - non, de terribles pirates. Et évidement, des pirates, de la mer, j'aime beaucoup. Pour ces scènes formidables de manoeuvre, ou d'abordage, ou même pour la contemplation des mers étranges de cet univers fantastique.
Et franchement, au-dela de la mer, je ne peux que reconnaître l'imagination de cet auteur qui sait à chaque fois mettre en place des ambiances, des perspectives, des promenades dans un décor qui prend vie de façon saisissante. Tal Verrar, par exemple, réussit à exposer une ambiance, une culture, un mode de vie très différent de la Camorr du premier tome. Et le Port-Prodigue des pirates est un monument de piraterie.
Enfin, le rythme de ce roman est quand même incroyable : sans parler d'un page turner (quoi qu'on pourrait en parler), il n'y a ici presqu'aucune chute de régime du lancement de cette histoire à son invraisemblable conclusion. Conclusion qui, en moins de cinquante pages, arrive à résoudre tous les éléments du roman en prenant son temps, sans jamais négliger le spectaculaire.
Cela dit, je vois quelques légers défauts (analogues à ceux des peintres du fin de règne blablabla - ceux qui liront comprendront) : l'abus du complot nuit à la clarté de l'histoire, et le fait de passer parfois - mais pas toujours - par des points de vue extérieurs aux salauds-gentilhommes m'a mis dans une situation de pseudo-omniscience assez gênante.
Mais franchement, tout cela est plus de l'ordre du maniérisme et j'ai été totalement emballé par cette histoire. Locke et Jean emportent tous mes suffrages, et je peux dire sans rougir que j'ai bien failli pleurer à la fin d'une certaine bataille navale. Evidement, il vaut mieux lire le premier tome avant celui-ci, mais ça n'est pas indispensable. Alors lisez-le, ça vous fera forcément du bien.