Lorsqu'il est affecté à la protection discrète et rapprochée d'une représentante du beau sexe sous l'un des dômes de Komarr, le capitaine Ivan Xav Vorpatril, plus connu sous le nom de Cousin Ivan, s'applique à sa tâche avec zèle, quoique sans la moindre discrétion. Fille d'une des plus, puissantes familles de l'Ensemble de Jackson, sa protégée fuit les tueurs qui ont décimé son clan. Et quel endroit plus sûr que Vorbarr Sultana, la capitale de l'Impérium barrayaran, pour une princesse en détresse ? Oui, mais pour jouir de la protection de la puissante Sécurité impériale, il faudrait qu'elle soit citoyenne de Barrayar, et pour cela, le seul moyen.

Review

Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas remis les pieds sur Barrayar.
Et si le fait de remplacer Miles par Ivan a engendré en moi une déception initiale due au fait qu'Ivan soit vu comme un débile léger par le nabot le plus hyperactif de l'espace, cette déception a été rapidement évacuée par la densité de l'intrigue initiale sur Komarr. Je m'explique ... lorsqu'Ivan se retrouve impliqué dans les aventures de Tej, le tourbillon d'aventure très typique des aventures décrites par l'auteur laisse assez peu de temps au héros, qui réagit toutefois avec un à-propos assez bien trouvé (quoique peut-être un peu trop "comédie romantique amércaine" à mon goût) pour envoyer l'intrigue dans une nouvelle orbite. Et là, j'ai craint le pire, puisque cette orbite Barrayaranne envoie Ivan faire le tour de sa famille élargie. On a donc droit, en un sens, à un passage un peu "fan-service" où Ivan nous rappelle, très subtilement cela dit, les aventures de Cordelia, Miles, Mark, et autres amis de la famille (en y incluant évidement l'Empereur lui-même). Heureusement, la troisième partie du roman est bien redynamisée par une espèce de chasse au trésor assez marrante.
Bon, je ne peux pas m'en cacher, j'ai vraiment beaucoup apprécié cette comédie romantique pleine d'action, d'amour, de drames familiaux, et de mille autres ingrédients qui font le succès de la saga Vorkosigan. A un point tel que je relirai bien un ou deux vieux tomes, par pure nostalgie. L'une des premières raisons, évidement, c'est Ivan, qui est franchement loin d'être demeuré, mais qui est plutôt un type qui a compris que la vie de ses cousins (Miles et Gregor) était incroyablement plus compliquée que la sienne, et qui ne veut surtout, mais alors surtout pas, que ça se complique. Du coup, ce qu'on croyait être de la lenteur est en fait une stratégie visant à lui éviter au maximum les honneurs. Ce qui en fait un personnage bien plus profond que ce qu'on croyait. Et d'une façon un peu moins prononcée, c'est également le cas de Tej, dont les rapports familiaux typiquement Jacksoniens apportent un éclairage curieux à son comportement initial. Du coup, il y a franchement une forme de défi à faire porter l'intrigue à des personnages qui ne veulent pas être des héros, défi parfaitement rempli à mon goût. En bonus, l'un des intérêts annexes de cette histoire est que, grâce à ces personnages centraux un peu plus effacés, les personnages secondaires - qui ont eu une densité terrifiante - prennent toute leur place pour donner à ce roman un côté histoire de famille vraiment chouette.
Et en plus, c'est un authentique portrait en mouvement puisque, comme je l'ai écrit plus haut, il se passe toujours quelque chose dans cette histoire. Et souvent, ce quelque chose n'est pas une simple brouille personnelle, mais une sombre histoire de vengeance, d'avidité ou de goût de l'intrigue immodéré. Tous ces ingrédients donnent bien sûr une saveur assez épicée à cette oeuvre qui réserve de beaux moments de bravoure (toute la submersion de la SécImp, évidement, mais aussi certains dîners de famille).
Bon, évidement, je suis partial. Mais franchement, c'est une bonne histoire de Barrayarans. Et, en un sens, c'est peut-être la meilleure façon de rentrer dans cette histoire. Lisez-le, ça vaut le coup.