La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s’est d’ailleurs déjà produit plus d’une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, d’interminables nuits auxquelles l’humanité n’a survécu que de justesse. Les gens comme vous, les orogènes, qui possèdent le don de dompter volcans et séismes, devraient être vénérés. Mais c’est tout l’inverse. Vous devez vous cacher, vous faire passer pour une autre. Jusqu’au jour où votre mari découvre la vérité, massacre de ses poings votre fils de trois ans et kidnappe votre fille.

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C'est à mon avis un très beau et très sombre roman, qui me paraît toutefois difficilement explicable en quelques mots, je vais néanmoins essayer.
On suit dans ce roman la vie de trois femmes à trois étapes de leur vie : Damaya, une jeune fille qui a laissé s'exposer son "pouvoir", Syénite qui maîtrise, elle, son pouvoir, et enfin Essun qui a souhaité le cacher pour fonder une famille. Je parle de pouvoir parce que dans ce roman, certains individus disposent d'un pouvoir capable de provoquer des tremblements de terre et autres cataclysmes. Du coup, évidement, ils sont considérés comme dangereux et parfois tués dès qu'ils sont détectés. Ca crée forcément une ambiance assez sombre. Surtout que le monde sur lequel vivent ces gens est soumis à des éruptions volcaniques et autres d'une façon beaucoup trop régulière. D'ailleurs, ces phénomènes ont poussé la civlisation a se réorganiser autour de la survie avant toute autre considération. Il y a donc des règles de survie, édictées dans des tablettes, qui indiquent comment s'organiser pour survivre. Et évidement, ces règles sont ... sans pitié.
Il y a de nombreuses choses à dire de ce premier tome.
La première chose, c'est la nature profondément féministe de ce roman, qui explique à plusieurs reprises que la sacrifice de soi est important, et que le pouvoir n'est pas un outil égotiste, mais un moyen au service de la communauté. Je crois que c'est la première fois que je vois un roman décrire les choses avec un réalisme aussi saisissant.
La deuxième chose, c'est qu'il s'agit d'une forme de fantasy assez particulière, puisque clairement, ce roman se situe dans une terre très futuriste. Et si il y a quelques éléments de pure fantasy (les mangeurs de pierre ou même les orogènes qui sont au coeur de ce roman), tout le reste est assez "réaliste". Ce qui palce le roman dans la frange science-fiction/fantasy un peu lointaine.
La troisième chose à noter, c'est que franchement, je trouve cette histoire bien réalisée sur le plan formel : l'écriture est souple, et la construction scénaristique qui alterne les trois points de vue avant de les fondre est particulièrement élégante (ça m'a rappelé Banks, c'est dire).
Avec tout ça, que reprocher à cette histoire ? Peut-être sa noirceur. Parce que bon, il y a des moments sacrément moches là-dedans : de l'infanticide volontaire, de la torture physique et psychologique et globalement une civilisation où la soumission est la règle. Et à certains moments, il est vrai que c'est pesant. Mais je crois que c'est aussi c'est aussi la clé de la démonstration de l'auteure. Parce que ce qu'elle veut montrer (peut-être) que la vie de femme est toujours une vie de soumission à des contraintes extérieures, en vue de la réalisation d'un objectif commun incompréhensible est profondément traumatique.
Et pour cette raison au moins autant que pour les autres, c'est sans doute l'une des lectures les plus recommandables du moment.