Le retour imminent de la Lune signifie-t-il la fin de l'humanité ou au contraire sa rédemption ? La réponse à cette question repose sur les épaules d'une femme et de sa fille. La première, Essun, entend se servir des pouvoirs qu'elle a hérités d'Albâtre pour bâtir un futur dans lequel les orogènes seraient libres. Mais pour la seconde, Nassun, il est trop tard. Elle a vu ce que le monde avait à offrir de pire et a accepté ce que sa mère n'admettra jamais : qu'il est corrompu au-delà du point de non-retour et que sa destruction est inévitable.
Review
Dans ce troisième et dernier tome, tout ce qu'on a appris dans les deux premiers va venir se percuter pour une conclusion franchement spectaculaire.
On va donc retrouver Essun qui continue à vivre dans sa communauté, et Nassun qui collabore avec son gardien, et qui poursuivent toutes deux des objectifs différents, qui convergent toutefois dans leur utilisation des obélisques.
J'avais eu un peu de mal avec le second tome, qui était évidement un tome de transition. Je pense d'ailleurs àc e sujet que la trilogie est, globalement, une mauvaise forme romanesque parce qu'elle sacrifie le second tome au nom du récit global, ce qui est fort triste. Toutefois, dans cette histoire, et comme souvent, le troisième tome révèle tout le corps de cette histoire. Et ce corps est évidement la notion de devoir familial, plus même que de famille. En effet, si Nassun recompose une famille à l'américaine, faite uniquement de ses amis, Essun, elle, fait certes la même chose, mais sans jamais oublier que son devoir de mère va en premier à Nassun, avec laquelle elle devra forcément, quand bien même ça lui coûtera, reprendre contact. Et à mon sens, cette tension interne des personnages prend presque le pas sur le grand spectacle de ce troisième tome.
Parce que du spectacle, il y en a ! Ou plus exactement du sense of wonder. Entre les voyages au centre de la Terre, les paysages transformés par les orogènes, et les mangeurs de pierre qui m'ont paru terrifiants, quand bien même ils étaient des alliés, il y avait dans ce récit une puissance évocatrice vraiment incroyable. Pour le dire autrement, j'en ai pris vraiment plein les yeux. Et ça, c'était bien chouette. Même si il ne faut pas oublier une chose : fondamentalement, cette trilogie est d'une noirceur difficilement envisageable. Et ça se voit bien dans ce dernier tome où l'ambition première de Nassun est ... de détruire le monde. Pour une enfant de 11 ans, c'est un peu rude.
Mais c'est compréhensible une fois qu'on réalise que ces orogènes sont une métaphore habile de toutes les discriminations. Des gens intelligents, puissants, transformés en outils pour des raisons historiques, philosophiques. C'est franchement ignoble.
Et pourtant, même si je n'ai que peu de goût pour les romans sombres, il y a dans ceux-ci une espèce de lumière qui les rend vraiment chouettes, vraiment intéressants à lire (aussi parce que la conclusion est somme toute positive). C'est donc une belle lecture, franchement âpre.