Signez et re-signez là pour 1 141 ans ! Le soldat William Mandella, après un entraînement plutôt extrême, part au front, très loin, défier un ennemi, les Taurans, dont on ne connaît quasiment rien. Mais aller faire la guerre à l’autre bout de la galaxie, c'est se confronter au temps. Pour celui qui voyage à une vitesse proche de celle de la lumière, le temps passe lentement, très lentement, alors qu’il défile pour le reste de l'humanité. Et tandis qu’il nous raconte vie militaire et combats, sur un ton d’ironie et de causticité, l’humanité change. À chacun de ses retours sur la planète mère, William Mandella en découvre les modifications, et perd peu à peu tous ses repères. Alors autant continuer le combat. Jusqu’au jour de la démobilisation, qui sera plein de surprises. Space opera militaire, La Guerre éternelle est un passionnant roman aux forts accents pacifistes.

Authors

Review

Salut, bien longtemps après avoir lu l’excellente BD en trois tomes, j’ai enfin lu l’excellent roman La guerre Eternelle delink:../authors/12476.html[Joe Halderman Joe Haldeman], et je n’ai pas été déçu : c’est nettement plus fin que la bd, et voici pourquoi (ah oui, au fait, au cas où vous ne le sauriez pas déja, il risque d’y avoir quelques spoilers).
Ah, non tiens, d’abord, je vais déja dire pourquoi c’est un bon roman. Ils sont peu nombreux, les romans qui nous mettent entre les mains un bon paradoxe temporel vu du côté du cobaye qu’on envoie dans l’avenir. Et celui-ci nous place dans la peau d’un soldat (qui raconte tout à la première personne avec quelques apartés au lecteur) qui vit la première guerre extra-terrestre (c’est-à-dire opposant la terre à des aliens). Cette guerre commence en 1997 pour s’achever 1137 ans (environ) plus tard. Et durant tout ce temps, le brave William Mandela, que nous accompagnons, vivra en temps relatif une dizaine d’années, ce qui le place en tête des plus vieux individus.
Mais là n’est pas le propos du roman.
Halderman a écrit ce roman après être revenu du Vietnam, et ça se sent bien dans l’écriture. La vie de militaire consiste essentiellement à obéir aux ordres, même lorsqu’il s’agit de se faire descendre tranquillement. Et pas la peine de déserter : il n’y a nulle part où aller, et pas d’autre travail que celui de soldat. En bref, une humanité bien noire, dont "heureusement" les soldats sont vigoureusement tenus à l’écart par une hiérarchie qui ne pense pas en termes d’individus, mais de siècles (sic). Là-dedans, il y a peu de place pour l’imaginaire, aussi le récit est-il d’une sobriété tout à fait remarquable, ne s’étendant pas sur les combats, bien rares heureusement, mais plus sur le quotidien du soldat, balotté d’un bout de la galaxie à l’autre, perdu dans une société qui ne le comprend plus. Et surtout, incapable de suivre le rythme de l’humanité. Tout ça est assez noir, mais formidablement écrit, et surtout, incroyablement proche de nous. Mandela est une sorte de voyageur temporel qui s’ignore. Il se déplace de trois cents ans en avant sans s’en rendre compte. Et, contrairement à Buck Rogers, l’unvers dans lequel il arrive n’est pas rempli de jolies filles en jupette, mais plutôt de clones considérant son hétérosexualité comme une tare. Bref, quasiment aucun bonheur dans ce roman, sauf à la fin, où il découvre que sa tendre aimée (elle aussi engagée des premières heures) a survécu à toute la guerre grâce à un croiseur tournant à des vitesses relativistes. Enfin, pour ce qui est des différences avec la BD, elles sont peut-être de l’ordre du détail, mais font du roman une oeuvre peut-être encore meilleure que la bd, car non édulcorée.
Ainsi, la vie sexuelle, quoi que moins mise en image dans le roman, est certainement plus présente dans les esprits, avec les partages de couchettes, les nombreuses allusions, et surtout cette fantastique évolution des moeurs. Bon, voilà, j’ai bien aimé. Et vous ?