Le jeune prince Amatus a vérifié, pour son malheur, le vieil adage qui affirme que "un enfant qui goûte trop tôt au Vin des dieux n'est plus que la moitié de lui-même": après un verre bu en cachette, le voilà privé de tout le côté gauche de sa personne ! Dans sa colère, le bon roi Boniface fait exécuter les quatre responsables de cette tragédie: l'Alchimiste, la Sorcière, la Gouvernante et le Capitaine de la Garde du Royaume. Un an et un jour plus tard, quatre mystérieux voyageurs viennent postuler aux charges désormais vacantes afin de s'occuper de l'éducation du demi-prince. Leurs conseils, leur magie et le destin (qui se mêle toujours des affaires des têtes couronnées) seront-ils suffisants pour garantir au Royaume un vrai successeur et non un demi-roi?

Review

Ce livre raconte l’histoire d’Amatus, un prince puni pour avoir goûté trop tôt au vin des dieux, et qui va vivre presque tout le livre avec juste sa moitié droite.
Dans tout lecteur de fantasy, il y a un enfant avide de conte qui sommeille. Et ce livre a été écrit pour cet enfant. Sous couvert d’un roman de fantasy classique, on tombe dans une espèce de conte bizarre, muni d’une forme d’auto-dérision, où tous les personnages savent qu’ils sont dans un conte(1), et où l’histoire suit également les règles du conte. Ainsi, après une mise en situation très claire, où on voit notamment le capitaine de la garde capable de se trancher lui-même la tête avant de remettre son arme au fourreau, on suivra avec étonnement Amatus, et ses quatre compagnons magiques, recouvrer peu à peu son intégrité, ainsi que celle du royaume dont il est le prince(2).
J’avais découvert 1265 avec La Mère des tempêtes, et ce récit change complètement la vision que je pouvais en avoir, car on trouve ici une vision distanciée tout à fait sympathique, et une approche du conte riche de nombreux aspects, de la nécessité des sacrifices (nombreux et souvent bien décrits) à l’humour un peu absurde qui peut transparaître dans certaines situations (notamment lorsque Dick Tonnerre explique la nécessité d’avoir des brigands mariés pour qu’ils soient efficaces), il y a de très nombreuses choses à découvrir dans ce roman, qui laisse lorsqu’on le ferme un goût de rêve, certes un peu enfantin, mais diablement agréable.
(1) d’ailleurs, ils utilisent à plusieurs reprises les règles du conte à leur avantage
(2) évidement, un héros ne peut être que noble, et quelle meilleure noblesse qu’un prince de sang ?