Farouche Sud aurait aimé oublier son passé une fois pour toutes. Mais lorsque son frère et sa soeur sont enlevés par une bande de hors-la-loi, il est temps pour elle de reprendre ses anciennes habitudes. En compagnie d’un vieux Nordique marqué par ses propres démons, Farouche entame un long voyage à travers les plaines désertiques, jusqu’aux bas-fonds d’une ville cauchemardesque puis dans les montagnes inexplorées et hantées. Sur leur chemin, règlements de compte, alliances douteuses et trahisons amères se succèdent à la vitesse d’une flèche de barbare.

Authors

Review

Ce sixième roman de Joe dans cet univers est à mon sens le meilleur.
Reprenons depuis le début ...
Farouche et Placide sont fermiers (à peu près fille et père) dans une région en cours de colonisation. Un jour, en revenant dans leur ferme, ils constatent la disparition des jeunes frères et soeur de Farouche. N'écoutant que leur courage, ils partent à la poursuite des kidnappeurs. Cette poursuite les mènera successivement à travers d'immenses plaines, dans une ville champignon issue de la ruée vers l'or, et dans des montagnes volcaniques où résident de farouches indigènes.
Si ce décor vous rappelle l'ouest américain lors de la ruée vers l'or, c'est normal, c'est précisément ce à quoi voulait nous faire penser l'auteur. Et on ne peut pas dire qu'il fasse dans la finesse de ce point de vue : leur caravane dans les plaines se fait attaquer par des indigènes, la ville champignon est partagée entre deux autorités qui n'ont de la légalité qu'une connaissance approximative, et les auberges ressemblent plus à des saloons qu'à autre chose. Ca pourrait être pénible, mais je pense que les précédents ouvrages de cet auteur lui ont donné le ton qui convient précisément pour décrire ce genre d'ambiance bien noire, bien poisseuse.

Attention, les spoilers vont pleuvoir.

Et ce qui est bien, c'est que ça permet de ressortir ceux qui sont à mon avis les meilleurs personnages de ses romans précédents : Logen neuf doigts et Nicomo Cosma. Je me souviens avoir lu il y a longtemps, dans un bouquin sur le Disque-Monde, que Pratchett répugnait à utiliser la Mort ou le Patricien, parce que ce sont des personnages trop denses pour que les autres leur résistent. Eh bien à mon avis, c'est un peu pareil dans ce cas : entre le tueur sanguinaire qui est "toujours vivant", et le soldat de fortune (qui ne la touche que rarement), il est difficile de déterminer lequel est le plus charismatique ... il n'est en revanche pas vraiment difficile de comprendre que ces deux-là ne sont pas de simples crapules, mais d'authentiques horreurs qui n'ont d'hommes que la forme. Et pourtant, grâce à leurs partis, on en apprend bien plus sur eux, et on arrive même (et j'applaudis franchement l'auteur de réussir ce tour de force) à nous faire comprendre la séduction que Nicomo peut exercer sur ces hommes, même au coeur d'un massacre, ou la pitié qu'on peut avoir pour l'impitoyable tueur nordique.
Parce que ce roman n'est pas qu'un face à face, bien au contraire !
Le personnage leader n'est ni l'un ni l'autre, mais Farouche, jeune femme indépendante et extrêmement décidée. Et d'elle, Temple dit à un moment qu'elle est sans aucun doute, malgré ses actions passées, la plus noble personne qu'il ait rencontré. Et à lire cette histoire, j'ai tendance à le croire. Parce qu'elle n'est pas vraiment responsable de ces actes initiaux, qui l'ont poussée bien bas, mais lui ont aussi fourni un cuir apte à surmonter bien des épreuves. Elle est, à mon sens, admirable, et c'est sans aucun doute le sentiment vers lequel veut nous emmener l'auteur.
Il y aurait je crois bien des choses supplémentaires à dire de ce roman, qui arrive (je l'ai déjà écrit, mais ça n'est pas grave) une vraie réussite dans le mariage entre fantasy et western. Mais franchement, je ne crois pas avoir vraiment envie d'en révéler beaucoup plus. Lisez-le, c'est à mon avis un très bon roman.