Review

Ca n'est pas une évidence, mais cet essai se découpe en deux parties.
Sortir du trou, la première partie, est un essai assez classique sur le féminisme partant d'un postulat simple : le vagin n'est un trou que dans les manuels d'anatomie, alors que dans la réalité, la chair existe. Partant de ce postulat, Maïa démonte l'ensemble des mécaniques de domination masculine. En tant qu'homme, ça frappe fort, et ça frappe juste sur tout un tas de questions liées plus ou moins directement au sexe. J'ai particulièrement été frappé par la phrase qui dit (à peu près) "la sexualité de l'homme est comme la colère d'un enfant de dix ans : elle exige tout, tout de suite, sans compromis".
Cet essai est franchement dur à lire par moments, par sa crudité. Mais d'un autre côté, le sujet nécessite à mon sens cette approche directe.
Pour tout dire, ma femme a essayé de le lire et le ton, la forme de l'essai font que cette partie lui est littéralement tombée des mains.
Lever la tête, la deuxième partie, est beaucoup plus positive.
Je m'explique, dans celle-ci, Maïa essaye de construire une vision positive de la sexualité loin des poncifs vendus par un monde culturel qui ne souhaite pas le bonheur des pratiquants. En effet, et c'est très bien expliqué, ni le sexe pimenté, ni le hate sexe, ni le coup d'un soir, ni même le coup vite fait n'apportent un plaisir de qualité. C'est écrit, bien écrit, et les arguments sont absolument frappants.
A la place de ces pratiques, Maïa propose d'autres choses, issues de pratiques plus douces : la communication, la bienveillance, le slow-sex, l'expérimentation en confiance, tout ça permet de construire bien mieux la confiance entre des partenaires qui s'aiment. Et c'est peut-être le grand secret de cette seconde partie : mettre l'amour au coeur des pratiques physiques.
En tant qu'homme amoureux en couple depuis plus de vingt ans, tout ça m'a évidement conforté, même si j'ai appris pas mal de choses.
Autrement dit, la lecture, bien que plus réconfortante, était néanmoins subtilement déstabilisante dans les aspects culturels et certains aspects expérimentaux (tout le passage sur le rapport pénétrant/pénétré en particulier). Déstabilisante, mais aussi très intéressante.
Et si les deux aspects sont éminemment contrastés, c'est ce contraste qui rend cette lecture si intéressante.