Génie de l'animation, Manuel Arenas s'est associé à Dimitri Vey, brillant écrivain, pour donner vie à Yaxin the faun, une fable initiatique, mélange de mythologie et de poésie. Un raffinement absolu ! ! C'est avant tout l'histoire de la rencontre entre Gabriel et Merlin, entre le plus petit des faunes et le plus grand des magiciens. C'est sur une île aux contours incertains, une île couronnée de forêts et peuplée de nymphes et de fées, que vivent Gabriel et Merlin. Comme tous les enfants, le petit faune veut tout savoir, tout connaître, tout comprendre. Il pose mille et une questions au magicien qui finit toujours par lui répondre, agacé mais aussi attendri par le petit faune. C'est ainsi que Gabriel découvre que les arbres parlent à ceux qui ont la patience de les écouter et que les rochers se souviennent de ceux qui ont été oubliés. Il apprend que le secret des fées n'est pas dans leur beauté et que même les mythes et les légendes finissent par disparaître. En découvrant la magie du monde qui l'entoure, Gabriel découvre aussi qu'il est des mystères cachés dans les profondeurs de la forêt qu'il vaut mieux ne pas connaître...

Review

Je suis bien loin ici de la forme de bande dessinée que je lis d'habitude. En fait, avec cette histoire du petit faune Gabriel, j'ai l'impression de me rapprocher (ça y est, la litanie recommmence, dira le grincheux) d'oeuvres comme link:9782070420643.html[Thomas le Rimeur] : une oeuvre qui apparaît comme une espèce de rêve, ou de conte, en tout cas quelque chose de très éloigné de notre réel. Et c'est parfaitement, totallement et irrémédiablement réussi.
C'est réussi par de multiples aspects.
C'est réussi par le dessin faussement simple, mais ne dédaignant pas les moments de bravoure ... cependant toujours utilisés dans un but contemplatif parfaitement réussi : je me suis perdu dans les branches de l'arbre ouvrant ce récit, j'ai pris en pleine figure les embruns de cette vague qui ouvre un chapître.
C'est réussi également par le texte qui, même sans l'image (pourtant très belle) s'inspire de la poésie et du récit mythologique pour nous emmener tellement loin. J'ai en particulier à l'esprit une phrase concluant l'un des chapître qui m'a littéralement cloué à mon fauteuil, à la fois par sa sensibilité et par sa force. Hélas, je l'ai oublié, et ça, c'est moche.
C'est réussi enfin par le scénario dont on a du mal à sentir où il veut nous emmener, alors qu'il y a pourtant, très loin derrière (ou du moins c'est ce que je veux croire), un but, pas trop loin d'un Carpe Diem conceptuel.
C'est en tout cas, je crois l'une des BDS les plus belles que j'ai eu l'occasion de parcourir des yeux, de lire, et même de relire. Et j'espère bien que vous y plongerez également.