Je ne pensais pas dire ça, mais cet auteur a un talent bien plus grand que ce que le premier tome pouvait laisser imaginer. Je me demande même comment j'ai pu juger aussi mal
Black Man, il va falloir que je le relise ...
Bref,on retrouve cette fois notre "cher" Takeshi Kovacs au beau milieu d'une guerre planétaire dans laquelle il va, comme dans bien des histoires de guerre, tenter de rafler un trésor au milieu du conflit. Comme l'auteur a quand même un minimum d'ambition, il ne s'agit pas d'un banal trésor local, mais d'un artefact extra-terrestre, censé se trouver "quelque part". Et comme le cyberpunk a rejoint le corpus classique de la SF depuis bien longtemps, on retrouve dans ce roman les classiques du genre : des corpos qui se font la guerre (mais par politiciens interposés), de la trahison à tous les étages, des humains qui changent de corps comme de chemise ...
En fait, plus que du cyberpunk, c'est plus les leçons des transhumanistes de la Silicon Valley" qui sont totalement intégrées. En effet, le moteur de la société dans ce roman n'est pas une quelconque force politique, mais les entreprises (pardon, corpos) qui peuvent se permettre de lancer des guerres "pour voir". Et si les corps humains sont sacrifiables, ce n'est pas dans un but idéologique, mais uniquement dans l'espoir d'un gain à court terme.
En fait, je ne sais pas si c'est le capitalisme moderne qui donne son ton si sombre à cette histoire, ou le fait que cette histoire se passe pendant une guerre, mais j'ai été frappé, mais alors vraiment frappé, par plusieurs scènes.
Je pense par exemple à l visite au marché aux âmes, où on peut ajouter des esprits humains à la pelle, qu'on pourra ensuite injecter dans des corps parfaitement jetables.
je pense également à toute cette partie du roman qui se passe sur une plage proche d'une explosion nucléaire. Tous les personnages savent que leur corps sera tué par les radiations à très cours terme (moins d'un mois d'espérance de vie !), mais ils s'en foutent royalement, parce qu'ils savent que leur contrat leur garantit un autre corps, pour peu que leur pile mémorielle soit retrouvée après leur mort.
Ces piles mémorielles donnent elles aussi lieu à quelques scènes particulièrement macabres, comme lorsque Kovacs découpe la colonne vertébrale d'un mec juste pour récupérer cette fameuse pile.
Des scènes comme ça, qui montrent à quel point la guerre tue d'abord l'humanité avant l'homme, ce roman en est plein.
Et je dois dire que la phrase qui ouvre cette histoire est à elle seule une énorme baffe qu'on prend vraiment dans la tronche. Je ne l'ai plus exactement en tête, mais franchement, ça fait mal.
Bon, normalement, je devrais aussi vous parler, comme à mon habitude, des personnages - plutôt bien campés, du style - aussi simple et mal fichu que bien des auteurs modernes, ou des décors - réussis dans l'ensemble.
Mais ça n'est pas ce qui compte.
Ce qui compte, c'ets que ce roman montre bien que la guerre, c'est la guerre. Qu'on la vive à fond ou qu'on essaye de l'éviter, ça reste clairement l'un des cavaliers de l'apocalypse. Et le pire, c'est de vivre tout ça aux côtés d'un personnage qui comprend profondément cette vérité abjecte.
Et pour ça, c'est vraiment un très bon roman, à lire.