La compagnie noire

un roman d'une joyeuseté incroyable ! Pensez donc, les personnages sont des mercenaires au service d'un tyran !

Nicolas Delsaux
Informations aimablement fournies par la Noosfere .
La compagnie noire La compagnie Noire , volume 1 Auteur : Glen COOK Traducteur : Patrick COUTON Editeur : J'AI LU Collection : Fantasy (2001 - ) Parution : octobre 2004 ISBN : 2-290-33058-2

Il est très rare, dans une littérature aussi conservative que la fantasy, de tomber sur un roman aussi étrange que celui-ci. En effet, ici, point de chevalier blanc terrassant le dragon, moins encore de glorieux magiciens sauvant facilement le monde d'un coup de baguette magique. Non, ici, on est dans une fantasy qu'on qualifierait presque "d'en bas", si on ne craignait de paraître méprisant pour l'auteur.

Parce qu'il n'y a rien de glorieux dans ce roman. Des héros, qui ne sont que des mercenaires plus rusés que la moyenne, aux grands du monde, qui n'ont pas grand chose de digne, rien dans ce roman n'allège l'ambiance. Et c'est tant mieux. Car ça nous évite pour une fois la honte d'un happy end tiré par les cheveux. De plus, la conclusion de l'histoire, qui n'est d'ailleurs pas la fin de la campagne militaire qu'elle décrit, nous laisse sous-entendre que, si suite il y a, elle tiendra plus de la débandade organisée que d'autre chose.

Heureusement pour nous, cet étalage de platitudes est formidablement servi par un auteur subtil, qui confie sa plume à l'annaliste (1) (1) : Celui qui écrit les annales, et rien d'autre. de ladite compagnie noire, bande de mercenaire que d'ailleurs le narrateur voit telle qu'elle est : une bande de vauriens, à peine digne de devenir des brigands de grand chemin. Et c'est finalement là le vrai secret de ce roman : nous faire partager le quotidien de ces hommes promis à un avenir pour le moins incertain, sans jamais l'idéaliser, mais en montrant toujours à quel point ils peuvent se révéler héroïques.

En fait, l'intérêt de ce roman réside essentiellement dans cette étude anthropologique, que l'auteur fouille largement plus que les aléas de la guerre, qui passent par ailleurs largement au-dessus des considérations du narrateur, médecin (peut-être), soldat (sûrement) et écrivain (avant toute chose).

Tout cela rend ce roman formidablement intéressant, et à dix mille lieues des niaiseries habituelles de la fantasy.