Harry Potter

En une fois, un avis sur les trois premiers tomes, lus en trois jours.

Nicolas Delsaux

J'ai tout lu dans le week-end, tout simplement parce que c'est bien. Loin d'être simplistes, les intrigues révèlent la plupart du temps des chausse-trappes et des tiroirs dans lesquels Harry tombe, et nous avec. Pourquoi ? Peut-être parce que les personnages ne sont pas des "gentils", des "méchants" ou des neutres. Qu'il s'agisse de Quirrell, de Black, ou de Jedusor, on n'est jamais vraiment sûr de savoir si le prétendu méchant l'est réellement, ou si il est simplement coincé par son apparence, son enfance, ou quelques autres raisons plus ou moins avouables. De la même manière, les gentils sont loin d'être monolithiques : Hermione et son côté "mademoiselle-je-sais-tout", Ron, le turbulent et surtout Harry et sa manière franchement invraissemblable de baigner au milieu de toutes les sales histoires de Poudlard. Car c'est aussi une des forces de Harry Potter : la plupart des intervenants ont des secrets, honteux ou non, qu'ils voudraient bien cacher, ou au contraire essayent de surmonter sans trop y arriver. On pourra notamment citer Hagrid et sa passion des bestioles, Rogue et le mystère de son sauvetage, et surtout Dumbledore dont le rôle va sans cesse croissant tout en restant constamment dans l'ombre. Par ailleurs, les intrigues sont toujours habilement construites : dans presque chacun des trois premiers romans, les indices sont réellement disséminés n'importe où. Qu'il s'agisse d'une allusion d'un personnage, d'uyn signe, d'une apparition, ou de quelque autre piste, on les trouve toujours n'importe où. C'est un jeu très intéressant, mais qui a ses contraintes : l'auteur est obligé, à la fin de chaque roman, de nous fournir un chapitre à la scoubidou, où l'histoire est expliquée en détail par l'un ou l'autre des personnages. Et franchement, même si ce chapitre est très bien amené dans le prisonnier d'Azkaban Les voies d'Anubis Les monades urbaines L'oreille interne Le pays de Cocagne , dans les deux autres, il est franchement pénible de se payer les explications concernant tel ou tel détail.

Bon rassurez-vous, des bémols comme ça, je n'en ai pas beaucoup d'autres. En fait, j'en ai essentiellement un : la construction du récit. En effet, J K Rowling a choisi une forme de récit assez répétitive : chaque histoire se déroule sur une année scolaire, impliquant nécessairement les vacances scolaires, la rentrée, le premier match de Quidditch contre Serpentard, Halloween, les vacances de Noël, celles de Pâques, le dénouement de l'intrigue et les examens. Ce qui laisse quand même quelques passages pénibles. Par exemple, chaque roman commence par la fin, toujours pénible, des vacances de Harry chez sa famille Moldue. Et si ça aide bien à poser le récit de ce pôvre petit garçon perdu dans la mauvaise famille (poure le premier tome) la répétition de ces épisodes toujours plus désagréables n'engendre chez moi que l'ennui. Il est clair que cette partie du récit est destinée au jeune public et à son édification, pour bien lui expliquer à quel point le travail scolaire est une joie de tous les instants. Mais franchement, je le regrette.

Une fois passée cette réserve, le reste des romans est très agréable, car d'une lecture facile et surtout, avec un récit d'une profondeur franchement surprenante, pour un récit théoriquement pour enfant. Et franchement, pour tous les amateurs de romans fantastiques, c'est une vraie réjouissance !